VOILE - Bibliographie (avertissement)

Source : http://www.molinier.org/RE/Textes/voile1.html
Voir http://d.hatena.ne.jp/fenestrae/19010102


Le voile islamique à travers livres et revues


Par Christine Guimonnet



Cette étude qui a nécessité plusieurs mois de travail, se veut avant tout un outil de travail et de réflexion. Elle paraît après les conclusions de la commission présidée par Bernard Stasi et le discours attendu du président de la République, Jacques Chirac, annonçant une loi prohibant le port de signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires publics. Le projet de loi a été adopté en Conseil des Ministres, validé par le Conseil d'Etat, et l'examen du texte débute aujourd'hui à l'Assemblée Nationale. Mais les temps sont troublés : la majorité de la population qui se revendique musulmane se tait même si certains commencent à faire entendre leur opposition tant au port du voile qu'au développement des mouvances intégristes. Les groupes intégristes, ultra-minoritaires mais très médiatiques, se radicalisent et crient leur refus de la loi républicaine. On voit lors de manifestations, les symboles républicains détournés de leur sens et exhibés dans un refus de la loi républicaine. Des politiques sont encore hésitants…



A la suite du développement de nouvelles affaires de port de voile dans des établissements scolaires, et à de nouvelles prises de position tant dans les milieux politiques que dans les milieux religieux musulmans, nous proposons une bibliographie la plus complète possible sur le sujet ainsi qu'un petit lexique indicatif. Mais ce travail ne saurait pour autant prétendre à l'exhaustivité. Au moment de la parution de cette bibliographie, de nouveaux articles sur le sujet seront sortis dans la presse.

Le lecteur trouvera ici non seulement des ouvrages et articles sur le voile, la laïcité, le statut de la femme dans l'islam, mais aussi sur l'islam en général, une bonne connaissance de cette religion étant indispensable pour appréhender le sujet dans une perspective plus large. Il est impossible de se limiter aux écrits concernant le seul voile, qui n'est qu'un des volets du fondamentalisme. Nous proposons également des sites internet à consulter. Pour une meilleure facilité de lecture, les ouvrages sont presque tous en langue française.

Nous avons toujours eu le souci de fournir au lecteur une bibliographie avec des textes aussi bien très précis (revues confidentielles, ouvrages anciens, thèses) que grand public (revues et livres largement diffusés), mais aussi équilibrée, c'est-à-dire présentant aussi bien des ouvrages hostiles que favorables au port du voile. A chacun de former son opinion.

Mais avant toute chose, il nous semble essentiel d'affirmer, étant donné la multiplication des amalgames et la persistance des affaires de port de voile dans les établissements, que le refus de la présence du voile dans les écoles, collèges et lycées, ne doit être en aucun cas assimilé à une attitude anti-musulmane ou à une posture raciste.

Comme ces arguments sont souvent utilisés par ceux qui ne comprennent pas ce refus ou ne l'acceptent pas, la précision est importante. La laïcité doit s'appliquer à toutes les religions quelles qu'elles soient et l'islam ne saurait faire exception à la règle. Cela signifie que dans notre Etat laïque, le fiqh (droit musulman), la charia ne sauraient s'appliquer et encore moins prévaloir sur la loi républicaine et que la laïcité ne saurait ni être modulée, ni être adaptée. Tout le monde doit se plier à la laïcité. Chrétiens, Juifs, Musulmans…membres d'autres confessions plus minoritaires et athées.

Nos collègues qui sont confrontés dans les collèges, les lycées aux élèves refusant de quitter le voile, s'arc-boutant derrière tout un arsenal juridique, sont souvent démoralisés et leur travail est rendu difficile. Ils comprennent mal de trouver aussi peu de soutien. C'est l'enseignant et ses convictions laïques qui sont stigmatisés, c'est l'enseignant qui doit céder !

Rappelons que la présence des voiles (ou plutôt leur non-disparition !) est le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs :
  • du manque de courage politique de certains ministres ;

  • du manque de discernement du Conseil d'Etat, qui ne voyait pas le « marquage » constitué par ce morceau de tissu ;

  • de « l'omerta » longtemps pratiquée par des chefs d'établissement, des inspecteurs d'académie et des recteurs, plus soucieux de « ne pas faire de vagues » que de faire respecter la laïcité ;

  • du soutien très tiède d'une partie de la presse qui jugeait la laïcité définitivement ringarde, comme tout ce qui touche à la République, à la nation ;

  • de la culpabilité coloniale et tiers-mondiste qui développe, chez certains intellectuels, sociologues, philosophes, associations, mais aussi hommes d'Eglise et hommes politiques, le sentiment que si la laïcité n'est pas modifiée pour l'islam, c'est parce que notre loi est raciste. Cette attitude « politiquement correcte » fait des ravages : les fondamentalistes musulmans se permettent donc des propos et attitudes qu'on jugerait parfaitement inadmissibles de la part des autres confessions ;
  • du refus de voir que le fondamentalisme musulman, s'il est minoritaire, est particulièrement actif et gagne du terrain : activisme du Tabligh, des Salafistes, des Frères Musulmans, financement venu des pays du Golfe pour aider à répandre un islam des plus rigoristes, prêches de certains imams qui endoctrinent complètement une partie de la jeunesse musulmane des banlieues, influence des chaînes de télévision arabes… L'abandon par l'Etat de quartiers entiers a permis aux fondamentalistes de se poser en recours (aides financières, aide au devoirs, cours d'arabe, cours coraniques, surveillance des enfants pour les faire rentrer dans le droit chemin…) Un tel activisme a fini par porter ses fruits.

  • enfin à cause de certains collègues qui ont peur, qui refusent de voir la réalité, qui ne se sentent jamais concernés jusqu'à ce qu'ils soient confrontés au problème, qui craignent toujours de « stigmatiser certaines populations », de « faire des amalgames » sans avoir conscience que la majorité de la population musulmane ne se reconnaît nullement dans le type d'islam prêché par les « barbus ».
Heureusement, depuis 1989, quelques-uns uns ont changé d'avis et commencent à voir le problème différemment…

Car cet aveuglement coupable s'accompagnait d'un véritable terrorisme intellectuel visant à faire passer pour un lepéniste potentiel tout citoyen opposé au port de signes religieux à l'école. On fait aussi l'amalgame entre défense de la laïcité et refus de la religion en général.

C'est un discours malsain visant à culpabiliser ceux qui défendent la laïcité. On a même pu voir une année dans Le Monde une page où les enseignants du lycée Racine de Paris hostiles au foulard évoqués dans un article se voyaient mis à côté d'un autre article concernant une municipalité tenue par le Front National… Cet amalgame tendancieux fut dénoncé par beaucoup de lecteurs et le médiateur de l'époque Thomas Ferenczi avait reconnu que le journal avait commis une faute. Ces discours et amalgames ne sont pas tolérables.

Des associations de défense des droits de l'homme, des journaux, des journalistes de télévision « pactisent » avec des islamistes, leur offrent des tribunes ! Sans parler du glissement sémantique qu'on observe ces derniers temps : les adolescents et jeunes adultes issus de l'immigration sont désormais appelés « jeunes musulmans »…comme s'ils devaient obligatoirement l'être !



D'autre part, accepter le port du voile constituerait une véritable régression en matière de droit des femmes. Or aujourd'hui, le port du voile s'est considérablement banalisé, signe d'un communautarisme qui s'accroît. Dans des établissements scolaires où des enseignants baissent les bras, certains étant fatigués de lutter et de ne recevoir aucun soutien. Dans la vie quotidienne : il y a de plus en plus de villes en France où on croise de manière régulière des femmes voilées. Banalisation dans certains départements, dans certaines banlieues où on croise de plus en plus de femmes portant un voile qui ne laisse qu'entrevoir les yeux. C'est le niqab (tenue à la saoudienne) voire la burqa. Cela ne semble pas choquer…alors que tout le monde s'émouvait devant la burqa des Afghanes. On a tort d'ergoter sur la quantité de tissu…car quelle que soit la superficie, le symbole demeure le même. On est là devant un marquage identitaire religieux et politique puisque c'est le voile de type iranien, manifestation d'un islam militant, et un marquage sexiste qui fait de la femme une soumise à un ordre social machiste : soit la femme le porte et elle est désignée comme convenable, soir elle ne le porte pas et elle s'expose à toutes sortes de vexations, voire d'agressions puisque sa tenue n'est pas islamiquement conforme. Voilée, elle est convenable, non voilée, c'est une « salope », une « putain » envers laquelle toutes les transgressions sont justifiées. Et elle doit accepter la honte d'être femme, celle qui expose l'homme à des coupables tentations.

Quel libre arbitre peut en outre avoir une petite fille de huit ans, inscrite dans une école primaire, qui est voilée par sa famille ? Quelle liberté peut avoir une fillette exhibée voilée dans une manifestation à côté d'un panneau ou d'une banderole arborant l'inscription « Le voile, c'est ma foi, c'est mon droit, c'est mon choix ! » ?

Il y a certes beaucoup de situations différentes : du voile revendiqué à celui imposé par la famille ou par la pression du quartier. Mais le laisser-faire qui prévaut depuis quinze ans, les reculades successives sont autant de gages donnés, directement ou indirectement aux intégristes. Il existe des cas où des familles turques imposent le voile, l'exigent pour la scolarité classique, mais lors du cours d'ELCO dispensé par un enseignant turc, rémunéré par la République turque, le voile est ôté…



On aurait naturellement tort de se focaliser sur le seul port du voile. Il serait judicieux de faire comprendre à tous que si la République permet la libre expression des religions, il y a des lieux où cette expression ne doit pas dépasser certaines limites. Le culte est collectif, la religion est privée. La pratique religieuse, qui ne se borne d'ailleurs pas à l'islam pénètre dans l'école avec toutes sortes de revendications : refus d'assister aux cours du samedi, contestation du contenu des cours pour motif religieux, ramadan qui déborde en classe (absentéisme, rupture du jeûne durant les cours), refus d'ôter des croix vraiment ostentatoires. Sans compter les propos, graffitis, agressions verbales et physiques imputables à certains élèves d'origine maghrébine qui expriment ouvertement un antisémitisme à l'encontre de leur camarades de classe ou leurs professeurs qui ont la mauvaise idée d'être de confession juive. Un syndicat étudiant musulman revendique le droit pour ses membres de demander à être évalués en fonction de leur spécificité religieuse qui pourrait avoir une influence sur le contenu de leurs devoirs ! A quand une ingérence directe dans les programmes ? On peut légitimement se poser la question puisque nous avons eu récemment connaissance de l'existence au sein du nouveau CFCM d'une commission qui « aurait » (nous écrivons prudemment au conditionnel) pour mission de proposer des orientations sur l'enseignement du fait islamique destinées aux établissements scolaires ! On n'ose imaginer la réaction immédiate si une telle nouvelle émanait de la conférence des évêques de France, du synode protestant ou du Grand rabbinat ! Est-il normal que dans des écoles, des instituteurs enlèvent des sapins de Noël pour ne pas choquer des parents musulmans fondamentalistes ? Que des candidates au baccalauréat se présentent avec une tenue proche du costume saoudien et qu'un homme exige de les accompagner ? Que ces mêmes candidates (ou ceux qui les accompagnent ) exigent que l'examinateur soit une femme ? Verra-t-on un jour un élève dénier à son professeur de sexe féminin le droit de parler de l'islam en classe, parce que femme ?

Il est également déplorable de voir s'allier les éléments les plus rétrogrades des diverses religions.

Mais si le voile constitue un tel sujet de discorde, c'est parce qu'il est, contrairement aux autres signes religieux, la manifestation de la mise à l'écart des filles. C'est inacceptable.

Pour le moment, nous avons entendu des hommes et des femmes politiques, dont le Premier Ministre et celui de l'Education Nationale affirmer leur hostilité au port du voile. Certes, cela constitue un indéniable progrès. Mais il ne faudrait pas qu'une nouvelle fois, on en reste aux mots. Le corps enseignant attend des actes. La loi doit être appliquée.



1/ Chronologie : quelques dates

Octobre 1989 : Ernest Chénière, principal du collège Gabriel Havez de Creil, exclut trois élèves porteuses du foulard

(A noter qu'à la rentrée, le collège désirait mettre un terme à des entorses à la discipline laïque : il y avait les élèves voilées, mais aussi des élèves juifs effectuant systématiquement leur rentrée avec une dizaine de jours de retard et étant systématiquement absents le samedi matin. Un accord fut trouvé avec les familles juives. Celui conclu avec les familles des élèves voilées ne fut pas respecté.)

Ernest Chénière fut, à la suite de cette affaire, assimilé à un raciste, un lépeniste.

27 novembre 1989 : saisi par Lionel Jospin, ministre de l'Education Nationale, le Conseil d'Etat rend un avis sur le sujet : le voile n'est blâmable que s'il s'accompagne de prosélytisme, que s'il présente un caractère ostentatoire et revendicatif.

1989-1994 : cinq affaires de voile seulement sont examinées par des tribunaux administratifs, donnant lieu à trois arrêts du Conseil d'Etat

Décembre 1993 : David Kessler (revue « Le Débat » n°77), commissaire du gouvernement dans les affaires de voile islamique au Conseil d'Etat estime que « par lui-même le foulard n'exprime rien », donc qu'il n'est pas en soi ostentatoire.

Cette position aura de lourdes conséquences…

20 septembre 1994 : circulaire Bayrou

2000 filles portaient le foulard à la rentrée 1994 ; elles ne sont plus que 400 en décembre.

Année scolaire 1994-95 : 92 décisions d'exclusion pour port de foulard ont été portées devant les tribunaux administratifs, qui se sont prononcés 74 fois : 44 exclusions annulées et 30 confirmées.

Novembre 1994 : le Ministre de l'Education Nationale nomme deux médiatrices pour les affaires liées au port du voile : Hanifa Chérifi et Rachida Dani. Seule Hanifa Chérifi exerce encore cette fonction. Elle estime en janvier1999, que 400 élèves portent le voile.

Février 1999 : épilogue de l'affaire de Flers (Orne)

Février 2000 : épilogue de l'affaire de la Grand Combe (deux exclusions)

Année 2002 : affaire de Tremblay-en-France (Lycée Léonard de Vinci)

Année 2003 : affaire du lycée de la Duchère à Lyon, affaire du lycée d'Aubervilliers, des exclusions en Alsace.

Installation de la commission sur la laïcité dirigée par Bernard Stasi.



2/ Textes officiels :

Discours prononcé par Monsieur Jacques Chirac, Président de la République, relatif au respect du principe de laïcité dans la République (17 décembre 2003)

A/ Législation : avis/arrêts du Conseil d'Etat :

Loi du 9 décembre 1905 portant séparation de l'Eglise et de l'Etat

Circulaire du 12 avril 1934

Circulaire du 31 décembre 1936

Circulaire du 12 décembre 1989 : laïcité, port de signes religieux par les élèves et caractère obligatoire des enseignements

Circulaire n° 93-316 du 26 octobre 1993 sur le respect de la laïcité

Circulaire n° 1649 dite circulaire Bayrou du 20 septembre 1994 : sur la neutralité de l'enseignement public : port de signes ostentatoires dans les établissements scolaires.

B/ Assemblée Nationale :

Proposition de loi n° 1302 de MM.Luc Hénart, Jean-Louis Bernard, Xavier Deroux, Alain Ferry, Jean Grenet, Edouard Jacque, Mme Maryse Joissains-Masini, MM. Robert Lecou, Jean Léonetti, Alain Merly, François Scellier, portant sur le principe de la laïcité dans les établissements d'enseignement public, 17 décembre 2003 (renvoyée en commission)

C/ Sénat :

Le port du foulard islamique : étude de législation comparée

Proposition de loi visant à garantir le respect du principe de laïcité au sein de l'école publique et de la fonction publique présenté par MM. Les sénateurs (MRC) François Autain, Jean-Yves Autexier et Paul Loridant

Proposition de loi relative au renforcement du principe de laïcité à l'école, de Serge Lagauche et des membres du groupe socialiste au Sénat, 14 novembre 2003

Proposition de loi relative à la sécularisation des rituels civils dans la République et au respect de la neutralité de l'Etat et des services publics présentée par Michel Charasse et alii, septembre 2003

Législation en matière de discrimination religieuse

D/ Quelques avis/arrêts du Conseil d'Etat :

Avis du Conseil d'Etat du 27 novembre 1989

Avis du Conseil d'Etat d'avril 1995 sur l'obligation d'assiduité des élèves et la possibilité de dérogations pour motifs religieux



Affaires très médiatisées : Collège Havez de Creil, Collège Léo Larguier de La Grand-Combe (Gard), Collège Jean Jaurès de Montfermeil en Seine-Saint-Denis (cette affaire a donné lieu à deux arrêts du Conseil d'Etat, Kherroua I et II), Collège Jean Monnet de Flers (Orne)

Lycée Faidherbe de Lille, Lycée Ronsard de Vendôme, Lycée Racine de Paris, Lycée Jean Moulin d'Albertville, et très récemment, le Lycée Léonard de Vinci, de Tremblay (93)

Mais aussi à Nantua (Arrêt Aoukili), Mantes-la-Jolie, Strasbourg, Aubervilliers, Lyon…



Consulter la Lettre d'information juridique de la direction des affaires juridiques du Ministère de l'Education Nationale (accès internet à partir du site eduscol.education.fr)

C'est un instrument de travail, une revue de jurisprudence qui s'adresse en priorité aux rectorats, aux chefs d'établissements



3/ Notes et rapports remis aux services de l'Etat :

2003

Rapport de la commission Stasi remis au chef de l'Etat le 11 décembre (publié à la Documentation Française, sous le titre « Laïcité et République », 2004, 8,50 euros)

Rapport de la commission Debré, commission parlementaire sur les signes religieux

Rapport de François Baroin, député-maire de Troyes remis au chef de l'Etat

2002

Rapport de Régis Debray sur l'enseignement du fait religieux remis à Jack Lang, Ministre de l'Education Nationale

1998

Rapport d'Hanifa Chérifi au Ministère de l'Education Nationale

1996

Note d'Hanifa Chérifi au Ministère de l'Education Nationale


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